"Flamme" - un tableau peint par Magritte en 1943 pendant l'occupation allemande de la Belgique. Contrairement à de nombreux collègues surréalistes qui sont allés attendre les temps difficiles à l'étranger (comme Dali et Gala - en Amérique), il a préféré rester à la maison.
Pendant les années de guerre, l'artiste s'est quelque peu écarté de son style d'entreprise: il croyait que son art devait remonter le moral des gens dans les moments difficiles et inspirer, sinon de la joie, du moins de l'optimisme. Il s'est délibérément tourné vers une palette plus lumineuse et s'est même inspiré des développements impressionnistes (
1,
2,
3). Malgré ses bonnes intentions, ses œuvres semblaient souvent plus anxieuses que l'insouciance et le bonheur. Magritte a qualifié les œuvres de cette période de «surréalisme ensoleillé», mais les critiques n'étaient pas satisfaits de ce tournant dans son œuvre.
«Flame» est un exemple illustratif à cet égard: le tableau contient à la fois des arbres Magritte reconnaissables sous forme de feuilles et un arrière-plan aux yeux ironiques inhabituels, rappelant davantage l'héritage de Renoir. Bien que dans cette œuvre, les coups de pinceau impressionnistes rebondissants ne semblent pas du tout affirmer la vie - au contraire, il semble que cette forêt surréaliste soit en feu. Le titre de l'image suggère que l'effet n'est pas accidentel: apparemment, malgré tous les efforts de l'artiste pour résister à l'ambiance sombre de la guerre, la réalité a néanmoins apporté des ajustements à sa vision du monde et à ses impulsions créatives.
Même les feuilles d'arbres, généralement si fragiles et délicates dans les peintures de Magritte (
1,
2), ressemblent à des morceaux de chair tachetés de veines gonflées de sang. Pour la première fois, l'artiste est arrivé à une telle forme d'arbre en 1935 et depuis lors, il l'a utilisée à plusieurs reprises dans différentes variations de couleurs, et parfois même en ne laissant qu'un cadre ajouré, comme dans le tableau "The Lost Jockey" (version
1948 année).
Magritte n'est pas venu immédiatement à cette forme laconique. Il partage les détails de sa recherche dans une lettre à André Breton datée de juillet 1934:
"Pour le moment, j'essaie de savoir ce qui lui appartient exactement dans l'arbre, mais cela contredira notre idée d'un arbre."... Là, il a également écrit sur sa solution au problème:
"L'arbre s'est transformé en une grande feuille dont la tige est devenue un tronc planté directement dans le sol.".
Jacques Meuris dans son livre "René Magritte" a parlé du traitement des objets naturels par l'artiste:
«La nature, telle que Magritte la voyait, était un élément avec les mêmes caractéristiques que ceux dont il dotait chaque objet, chaque chose. Dans son œuvre, il n'y avait pas de tendances «naturalistes», pas d'impulsion écologique, ni même de transformation poétique de la nature. Néanmoins, les arbres et les feuilles, seuls ou en groupe, vêtus ou nus, parfois souillés d'insectes, peuvent être considérés comme des «individus» dotés d'une variété de sens, doués d'enchantements dans différents sens du terme..
L'auteur: Natalia Azarenko